La fin du dollar américain comme devise quasi universelle, la mort possible du rêve d’un euro unificateur et pacificateur et l’apparition de devises numériques dématérialisées nous forcent à concevoir les devises comme une facette d’un combat entre les différentes façons d’imaginer le monde. Un monde qui s’articule maintenant autour de l’internet. Quant à la monétisation de l’internet, deux modèles diamétralement opposés s’offrent en ce moment: les bitcoins de Satoshi Nakamoto et les Facebook Credits de Mark Zuckerberg. Adopter l’un ou l’autre (ou les deux) sous-tend forcément un choix philosophique quant à la forme que l’internet devrait prendre. Le corporatisme opaque d’une multinationale omnisciente s’oppose à un chaos volontaire et décentralisé, où la liberté personnelle est régulée par les individus eux-mêmes. Ce dernier scénario peut sembler familier: il s’est reproduit chaque fois que l’homme a colonisé un nouveau territoire. Et l’internet, dernier continent sauvage, sera le territoire de ce nouveau combat entre les institutions et notre désir, inné et irrépressible, de contrôler notre propre destinée.
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*Publié originellement en 2012.