Les gars n’ont pas l’air de rappeurs. Avec un peu de chance, peut-être que Richard Martineau traiterait A-Justice, trempé en Polo pourpre très propre, de yo. Les trois autres, Lary, grande gueule en camisole et veste de cuir, Loud, taciturne à la barbe rebelle, et Will, caché derrière ses montures, n’ont pas vraiment l’air d’avoir droppé un des projets rap incontournables de l’année. Et pourtant.
Je voulais faire une série gratuite avec X nombre d’albums et qu’au final, je mette une track de chacun sur un record», explique celui qu’on connaît d’abord comme membre du collectif Movèzerbe.
Depuis 2007, la série d’albums gratuits, magnifiquement intitulée Craqnuques, compte 101 beats répartis sur cinq volumes: Noir, Orange, Bleu, Rose et Mauve. Que du «wordless» funky, à l’occasion expérimental, souvent jazzé, mais toujours dangereux pour les cervicales. «Wordless» par opposition à «instrumental»: «Instrumental, ça veut dire ‘‘qui sert à quelque chose’’. Je pense que je fais de la musique dont vous êtes le héros.» Elle a besoin d’un auditeur pour vivre, mais pas nécessairement d’un contexte ou d’un rappeur.
Pas facile de faire le portait de ce groupe/projet à géométrie variable. Le seul semi-consensus obtenu a trait au début du projet, qui remonterait à 2007.
On sait aussi qu’à l’origine, il y avait un beat. «Le nom vient d’une production de Mash [du groupe Les 2 Toms] qui s’appelait ‘‘Alaclair’’, raconte Maybe Watson. Il avait invité ses MC préférés: moi, KenLo [Craqnuques] et Éman [du duo Accrophone] à rapper dessus. On s’est appelés les Alaclair Allstarz.»